N° 17 – MARS 2003



Directeur de la publication Jean François KLETZLEN

Carteret

04280 CERESTE

 

                                                             AINSI  PARLAIT  ZARATHOUSTRA :

‘’Dans le cadre du droit public, le maire fait respecter l’autorité’’

Sommaire:

Céreste en Luberon ?

Divers

Un village d'avenir ?

Conseil municipal du 01/02/2003

Hier

Dans la presse

 

EICA,  EILA.

Ça y est.  Notre maire a confié à son adjoint-juriste le soin d’accomplir des démarches en vue du collage des mots magiques et payants ‘’en Lubéron’’ au nom banal de Céreste dont la chose de M. le Maire se contentait depuis dix siècles après une bonne quinzaine de siècles de Catuiaca. Mais il importe que l’on ne confonde plus son village d’avenir où il fait bon vivre avec une cité fondée par des Grecs nostalgiques de Cythère où il était encore meilleur de faire escale et qui pis est, ose proclamer ‘’à Ceyreste, qui y va y reste’’ alors que nos cimetières passé, présent et à venir sont si convoités !  Puissent les compétences de son adjoint rutiler enfin de toutes leurs facettes pour la plus grande gloire de cette cité qui, paraît-il, est un peu la nôtre !  Il est dommage toutefois que la discrétion dont cette démarche est entourée ne permette pas de discerner à quel point la confusion millénaire des deux communes est préjudiciable à la nôtre.
Mais une fois réglé le compte de cette insolente homophone que ne distingue même pas un urbanisme d’avant-garde, il faudra liquider celui de deux autres orgueilleuses communes scandaleusement sises dans notre département.
A 6 Km de Digne, Marcoux a l’audace d’être adossé à une montagne qui lui masque le soleil l’hiver, d’avoir trois rivières sur son territoire et même des sources, et de connaître des brouillards qui valent à ses quatre centaines d’habitants le surnom d’Estubassats. Peut-on tolérer que des âmes (dont on ignore la taille) d’une telle bourgade puissent constituer à s’arroger le sobriquet illustrant celles du village d’avenir au futur nom prometteur ?
Et, abomination des abominations, notre petite sœur en Communauté, la commune de Saint-Martin, peut-elle persister à se distinguer par ses eaux, alors que nous disposons du forage de Caudon dont nous inonderons – toujours dans le futur – nos pauvres voisins altérés ? Qu’elle se contente de l’honneur de partager sa richesse avec nous et reprenne son ancien nom de Saint-Martin de Renacas.

Sommaire

 

RODRIGUE,  QUI  L’EUT  CRU… - CHIMENE,  QUI  L’EUT  DIT…  (CORNEILLE. Le Cid) -

LA GARDETO n’avait pas osé imaginer que l’on démolit effectivement les W.C. de la poste avant de construire ceux du parking de l’école. Elle a sous-estimé, s’agissant d’urbanisme et de bon sens, les talents de notre maire. Elle lui présente, avec ses excuses, l’hommage de son émerveillement : Pagnol et Chevalier avaient imaginé, lui a réalisé. Il ne manque qu’une tinette.

T.L.P.  LUBERON.

L’actualité au quotidien ? Miction impossible.

D’UNE  PIERRE,  DEUX  COUPS.

Notre municipalité sait admirablement utiliser l’initiative privée pour se décharger des projets qu’elle n’est pas capable de réaliser. C’est une manière de tenir des promesses hasardeuses. La Baou, scintillante de ses 4 étoiles, vous accueille dans son parc ombragé. D’aveugles puristes tiqueront sur la qualité des finitions, mais la promesse a été tenue, la lisibilité du village préservée…
Puisque l’initiative privée nous a gratifiés d’un mur élégant, mis en valeur par un site jusqu’alors harmonieux et pittoresque, qu’avons-nous à faire d’une façade romane éternellement fuyante dans les brumes du lointain ?  Elle n’attirera jamais tant de curieux. En outre elle immobilise les fonds affectés à son rapatriement hypothétique. Il serait tout aussi facile de faire main basse sur la cagnotte que sur le fonds Imbert. N’avons-nous pas l’Adjoint ad hoc ?

CE  BON  VIEUX  LA  FONTAINE…

Il est imprudent de s’emmurer dans son jardin et d’y introduire un ours : aux embrassades mielleuses succède le pavé. Il est encore plus dangereux de mettre entre les pattes de l’ours le pavé dont on veut assommer son voisin.

Petits princes, videz vos débats entre vous :
De recourir aux rois vous seriez de grands fous.
Il ne les faut jamais engager dans vos guerres
Et les faire entrer sur vos terres.
(Le jardinier et son seigneur)

ACHAT  DE  TERRAIN.

20 m2 au prix courant nécessaires aux trottoirs du lotissement des Cédres.

L’absence n’implique pas nécessairement l’oubli.

MISE  EN  VENTE  DE  MATERIEL.

Il s’agit de l’ancien bloc pré filtre de la piscine (valeur approximative : 300 €uros) et de la lame de l’ancien chasse-neige (850 €uros environ)

Un avis concernant ces mises en vente meuble le vide du panneau d’affichage.

INDEMNITE.

C’est sans doute le cœur gros que le Conseil a voté l’indemnité due à la Perceptrice de Reillanne pour les 11 mois de ces bons, loyaux et tatillons services fustigés le 15 juin par ce même conseil et plus particulièrement par notre conseiller apôtre du mérite et de la grandeur d’âme (LA GARDETO n°10).

Il semblerait que les deux vœux alors votés, touchant la perceptrice et la poste, ne figurent pas au Registre. On ne sait pourquoi. Heureusement, LA GARDETO était là et put conjurer cet injuste oubli.

ANCIENNE  GENDARMERIE.

Le conseil a autorisé le paiement de 2.206 €uros de travaux de géomètre nécessaires à ceux de l’architecte.

Bigre !  Notre architecte n’a donc pas de mètre ?  Un dépècement interne de la bâtisse est-il en vue.

SALLE  DES  FETES.

Sa toiture nécessite une réfection _ d’où sa fermeture au moment où un groupe électrogène permettait de la convertir en abri hivernal pour passagers…

Gageons qu’on ne profitera pas de la circonstance pour mettre cette toiture en conformité aux prescriptions du cher P.N.R.L. (tuiles obligatoire). Gageons que ce bon P.N.R.L. n’en soufflera mot.

SOINS  INFIRMIERS  A  DOMICILE.

Notre conseiller peseur-juré d’âmes et de mérites organise un service de soins infirmiers à domicile.

Mais c’est un vrai chevalier de Malte que nous avons-là ! Volera-t-il aussi au secours des tombes profanées ?

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NOUS  POUVONS  FAIRE  DE  CERESTE

UN  VILLAGE  D’AVENIR  OÙ  IL  FAIT  BON  VIVRE.

L’HOMME A SON AVENIR DEVANT LUI : QUAND IL SE RETOURNE,

IL L’A DANS LE DOS (Pierre DAC).

La phrase de notre maire actuel, déjà placée en exergue du numéro précédent de LA GARDETO a été, à la syntaxe près mais mot pour mot, prononcée par l’un de ses prédécesseurs annonçant les premières opérations de lotissement de Céreste. Ce village d’avenir d’alors, c’est le village de maintenant. Puisqu’il fait bon y vivre, de grâce, Monsieur le Maire, n’essayez plus d’en faire un village d’avenir de votre façon : de la Baou à l’église en passant par la rue Curie, nous sommes suffisamment échantionnés en gags qu’envierait un comique troupier.

FUTUR  ANTERIEUR.

Lorsque l’avenir devient le présent, il perd son air riant : ce village étendu à coups de lotissements, il faut l’entretenir et l’administrer. C’est pour cela que notre maire a été élu. Ne parlons pas de la splendide station d’épuration amoureusement entretenue dans son inefficacité, du miraculeux forage qui va permettre enfin une distribution normale, des rues et des chemins à l’entretien tributaire du calendrier électoral, des ordures ménagères et des feuilles d’impôts… Ce serait terre-à-terre, mesquin et nier le progrès.

RIRA  NANTES  IN  GURGITE  VASTO. Rares sont ceux qui surnagent dans le vaste gouffre (VIRGILE. Enéide).

Voyez plutôt comme les habitants des lotissements existants savourent leur bonheur : les hivernants ne peuvent même pas circuler dans les rues verglacées de leur désert pentu. M. le Maire a fait observer télévisuellement qu’il fallait sérier les urgences, qu’on ne pouvait être partout à la fois. En mai 1940, notre généralissime rassurait de même ses troupes en affirmant que si elles ne voyaient pas nos avions dans le ciel, c’est parce qu’ils étaient ailleurs. Mais si on ne peut être partout à la fois, pourquoi vouloir étendre ce partout, pourquoi tant de casquettes ?

NIL  NOVI  SUB  SOLE. Rien de nouveau sous le soleil (SALOMON).

Le progrès souffle vent debout en direction du village d’avenir avec une telle force qu’il nous ramène des décennies en arrière : notre maire vient de lancer la D.D.E. aux basques de l’emmuré de la rue Curie. Etrange manière de ne pas vouloir intervenir dans un litige qu’il dit être d’ordre privé, mais qui est né de la carence de l’autorité municipale. Croit-il qu’un procès-verbal de non-conformité au permis de construire des travaux réalisés fera disparaître le problème ?  Dans l’affaire, il y a trois perdants : la Commune, qui a créé un dangereux précédent en matière de voirie communale, l’emmuré, l’embastilleuse.

CLOCHEMERLE-EN-LUBERON.

Il ne s’agit pas de revenir sur l’hiatus des pissotières. Vous vous souvenez sans doute que le 31/10/2002 M. le Maire a annoncé au Conseil Municipal qu’il avait obtenu d’E.D.F. la mise à disposition en cas d’intempéries hivernales de deux groupes électrogènes (LA GARDETO n°13). L’un doit permettre le service de l’eau et de la station dite d’épuration ; l’autre est destiné à réchauffer dans la salle des fêtes les passagers transis. Les non-passagers pourront toujours claquer du bec à la bougie. Heureux passagers !  Mais inutile pour eux de toquer à la porte : elle demeurera fermée jusqu’à nouvel ordre, la salle des fêtes n’étant plus utilisable pour des raisons de toiture et de sécurité…

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CONSEIL  MUNICIPAL  DU  01/02/2003.

On décide l’achat de 20 m2 pour parfaire le trottoir du lotissement des Cédres. On laisse réduire l’emprise de la rue Curie. Normal : l’expropriation indirecte et la prescription ne se constatent pas par acte notarié. Ce sont des faits.

FORAGE  DE  CAUDON.

Le Conseil Général alloue une subvention complémentaire à valoir sur la subvention globale afin de permettre la concordance des travaux d’adduction d’eau et d’électricité.

Les W.C. publics n’ont pas du être subventionnés par le Conseil Général…

CREATION  DE  POSTE.

Il a été décidé de créer un poste d’agent d’entretien à temps partiel (28 h.) auquel le maire pourvoira.

CONVENTIONS  DIVERSES.

Elles ont trait au Centre de gestion, à l’enfance et jeunesse, à la médecine ou la formation professionnelle. Il s’agit de renouvellements ou de reconductions, sauf pour la salle ronde mise à la disposition de la Communauté de H.P. moyennant une redevance mensuelle de 300 €uros en couverture des frais généraux. D’autre part a été approuvée la modification des statuts de la Communauté touchant au retrait d’une commune dans les six mois des élections municipales.

TAXES  DIVERSES.

La taxe de raccordement à l’égout est fixée à 1.067,80 €uros. Par ailleurs une loi vient d’autoriser les Communes à percevoir une taxe de participation aux voies et réseaux, exigible des particuliers désireux de construire dans des zones non encore pourvues d’équipements collectifs.

CONSEIL  MUNICIPAL  DU  01/02/2003

LE  REMPART  DE  LA  VERTU  MUNICIPALE.

Sans un courrier peinturluré en cet unique droit de réponse qu’ait jamais reçu LA GARDETO, celle-ci aurait traité du contenu de cette réunion dans son dernier numéro. Elle en a toutefois rapporté l’épisode le plus saillant : l’émoi provoqué par le fait qu’elle a placé la municipalité au pied du mur que vous savez et les belles tirades que cet émoi fit jaillir. L’autre chose remarquable fut l’absence de nos juristes : n’abordait-on pas une question spécifiquement de leur compétence. Il est vrai qu’elle les plaçait, une fois encore, devant un fâcheux dilemme : fallait-il au nom du droit désavouer le maire, fallait-il au nom de maire  museler le juriste ?  Douloureux cas de conscience traité la veille en comité secret. Dame !  un mur, c’est du concret, du solide, ça se voit ; ce n’est pas comme un vulgaire testament, un P.O.S., un emplacement réservé, un espace boisé : ou on s’y heurte ou on l’esquive. L’esquive est un sport à la mode exaltant corps et âmes. Il permet de voir un maire autoriser la construction sur la voie publique à des fins de justice personnelle d’un mur privatif contraire aux règles les plus élémentaires de l’urbanisme municipal et notamment à l’article UA 11 du P.O.S. (hauteur minimale de 1,20 m pour un mur bahut, grillage interdit), puis déclarer le problème affaire privée. Il avait pourtant à sa disposition l’échappatoire légale offerte par le premier paragraphe de cet article, savoir : ’Conformément à l’article R 111-21 du code de l’urbanisme, le permis de construire peut être refusé ou n’être accordé que sous réserve de l’observation de prescriptions spéciales si les constructions, par leur situation, leur architecture, leur dimension ou l’aspect extérieur des bâtiments ou ouvrages à édifier sont de nature à porter atteinte au caractère ou à l’intérêt des lieux avoisinants, aux sites, aux paysages naturels ou urbains, ainsi qu’à la conservation des perspectives monumentales.’’

Comment oser soutenir que le permis et la construction de la merveille relèvent du privé ?  Et pourtant, féaux parmi les féaux, Mme la 1ère adjointe et M. le Conseiller ès mérites sont montés au créneau peaufiner la palinodie. Est-ce inconscience, insouciance de l’étrange image que M. le Maire donne lui-même de sa fonction en se ponce-pilatant de problèmes qu’il crée de toutes pièces ? Ils ne doivent pas être nombreux, une quinzaine, ceux que satisfont image et façon.

ILS  ONT  UNE  BOUCHE  ET  NE  PARLENT  PAS ;

ILS  ONT  DES  YEUX  ET  NE  VOIENT  PAS ;

ILS  ONT  DES  OREILLES  ET  N’ENTENDENT  PAS ;

ILS  ONT  UN  NEZ  ET  NE  SENTENT  PAS  (Psaume 115)

C’est au moment de se séparer que le Conseil, ayant épuisé son ronron à mains levées, aborda grand large, sur l’initiative de Mme la 1ère Adjointe, la question du mur que vous savez. Cf supra et n°15 & n° 16 de LA GARDETO.

LE  PARC  NATUREL  REGIONAL  DU  LUBERON  A  CERESTE.

Monsieur le Maire a-t-il fait faire le tour du propriétaire à ces Messieurs du Parc.
Ont-ils visité, P.O.S. en main, notre village d’avenir les yeux émerveillés, horrifiés ou fermés ?

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N’EN  JETEZ  PLUS,  LA  COUR  EST  PLEINE.

CHACUNE  DE  NOS  LECTURES  LAISSE  UNE  GRAINE  QUI  GERME (Jules RENARD).

‘’Notre’’ mur nous rend célèbres au point que LA PROVENCE du 21 février lui a consacré cinq colonnes et une superbe photo. Tout, sauf le silence médiatique. Le quotidien a donc recueilli pieusement les propos de notre maire et on peut lire : « Le maire de Céreste, Gérard Baumel, précise qu’une commune ‘’ ne peut pas prendre du terrain sur un espace privé, sauf s’il y a un contrat. C’est vrai que cela aurait pu être une solution mais il faut l’accord du propriétaire’’ »

Il est une lecture que Flaubert adorait pour la pureté et la clarté de son style : celle du code civil. Il a bien changé depuis mais on peut encore y lire :

LIVRE III. DES DIFFERENTES MANIERES DONT ON ACQUIERT LA PROPRIETE.

TITRE XX. DE LA PRESCRIPTION ET DE LA POSSESSION.

Article 2219. La prescription est un moyen d’acquérir ou de se libérer par un certain laps de temps et sous        les conditions déterminées par la loi.

Article 2222. Celui qui ne peut aliéner ne peut renoncer à la prescription acquise.

Article 2227. L’Etat, les établissements publics et les communes sont soumises aux mêmes prescriptions que les particuliers, et peuvent également les opposer.

Article 2228. La possession est la détention ou la jouissance d’une chose ou d’un droit que nous tenons ou que nous exerçons par nous-mêmes, ou par un autre qui le tient ou qui l’exerce en notre nom.

Article 2229. Pour pouvoir prescrire, il faut une possession continue et non interrompue, paisible, publique, non équivoque, et à titre de propriétaire.

Article 2262. Toutes les actions, tant réelles que personnelles, sont prescrites par trente ans, sans que celui qui allègue cette prescription soit obligée d’en rapporter un titre, ou qu’on puisse lui opposer l’exception déduite de la mauvaise foi.

LES LOIS SONT EXECUTOIRES DANS TOUT LE TERRITOIRE FRANÇAIS(article 1er du C.C.)

Si les frontières de la République Française n’ont pas, comme celles du P.N.R.L. vagabondé au gré de notre maire, le code civil est toujours applicable à Céreste. Il nous révèle aussi nettement que l’asphalte de la rue Curie qu’une commune peut fort bien prendre du terrain sur un espace privé sans acte d’achat. LA GARDETO en a fourni un exemple bi-hectomètrique dans son dernier numéro (n°16) .   Si cette portion de terrain a conservé son caractère privé, sa propriétaire doit posséder les factures d’asphaltage, une commune n’ayant pas à fournir gratis aux particuliers des revêtements de sol. Sinon, dès lors que cette prise par incorporation à la voie publique date de plus de trente ans, la prescription est acquise et le maire n’a ni le droit ni le pouvoir d’y renoncer ; il ne peut aliéner tout ou partie de la voie publique. Le permis de construire sur cette portion de voie constitue un excès et un détournement de pouvoir flagrants puisqu’il implique une renonciation à cette prescription. Même le conseil municipal ne peut y renoncer : la voie publique n’est pas dans le commerce. Pas encore.

COMPRENNE QUI POURRA.

Nous avons une commission d’urbanisme où trône notre maire flanqué à sa droite de son adjoint-tabellion diplômé d’études supérieures de droit privé, à sa gauche de sa conseillère diplômée d’études supérieures spécialisées en droit de l’urbanisme. C’est à douter des compétences ou de l’indépendance des membres de ce commando d’élite : en admettant qu’ils n’aient pas comme Flaubert le goût d’une saine lecture, aucun d’eux ne s’est donc souvenu avoir, il y a moins d’un an, voté le P.O.S. et particulièrement son article UA 11 qui offrait une échappatoire grosse comme la porte d’Aix, les dispensait d’aborder le fond du problème et leur permettait néanmoins de s’en sortir les braies nettes ?

N’EN JETEZ PLUS, LA COUR EST ‘très’ PLEINE.

LE BON GRAIN ET L’IVRAIE

Toujours dans l’article de LA PROVENCE : « Et le premier magistrat de rappeler qu’il a organisé trois réunions de conciliation avec les deux propriétaires, ensemble et séparément. ‘’Ma foi, ma conciliation n’a pas abouti ! ‘’ conclut-il avant de préciser que  ‘’dans le cadre du droit public, la mairie fait respecter l’autorité ‘’ et que c’est à ce titre qu’un procès-verbal a été dressé par la direction départementale de l’Equipement dénonçant la non-conformité de la porte de M. Bonjour. Mais, ajoute-t-il, ‘’avant d’en arriver là, j’ai insisté pour qu’il se mette en conformité’’. »

Il y a là quelque chose de bizarre. Nous sommes en présence de deux permis de construire incompatibles signés du même maire et de deux ouvrages dont aucun n’est exempt de critiques ; la porte de l’atelier n’est, semble-t-il, pas conforme au projet déposé ; le mur, lui est totalement irrégulier dans sa construction. Mais le maire dans sa soif de conciliation et son brûlant amour du droit, met la D.D.E. aux trousses de l’un, épargne l’autre. Son autorité, comme celle d’un vulgaire roi d’Engleterre, s’arrêterait-elle à la porte du jardin ?  Serait-elle sélective ? Est-ce l’autorité qui fabrique des Crainquebille ?  Notre maire trie-t’il ses bons et ses mauvais administrés comme une dame patronnesse choisit ses pauvres ?  S’il veut ruiner cette respectable autorité, la recette est infaillible… Surtout quand on constate que par ce mur la bonne administrée se fait justice elle-même du vilain. Qu’il s’en défende ou non, le maire lui prête ainsi main-forte au vu et au su de toute la commune alors qu’il avait le moyen d’empêcher le conflit. Il n’a peut-être pas semé lui-même la zizanie entre voisins ; il a fourni le semoir à l’une, la répression à l’autre. C’est de la conciliation à la force du poignet. On comprend son peu de succès.

MIEUX  VAUDRAIT  UN  SAGE  ENNEMI  (LA FONTAINE. L’ours et l’amateur de jardin).


Comme on voit, notre maire est un redoutable ami : voyez la triste figure qu’il fait prendre à ses deux assesseurs de l’urbanisme en démontrant leur inefficacité et leur inutilité. Que dire du P.N.R.I. et de son architecte, ces protecteurs de nos villages où deux pierres ne peuvent être mises l’une sur l’autre ou un pot de peinture ouvert sans qu’ils accourent ? Comment ne pas  compatir aux affres de la bénéficiaire du permis empoisonné et du crainquebillage de son voisin ?  Dans quel embarras se trouve la D.D.E. chargée de verbaliser la broutille de celui-ci sans voir le mur qui rend impossible la mise en conformité qui lui est imposée !  Et l’architecte de France, sûr lecteur du P.O.S. (Plan Oublié Superbement de ses accoucheurs) ?

DES  DEUX  COTES  MON  MAL  EST  INFINI   (CORNEILLE. Le Cid).

Quant à nos conseillers municipaux, que vont-ils pouvoir faire ?  La patate est brûlante. Doivent-ils approuver leur maire au risque de passer pour des béni-oui-oui interdits de jugeote et de vouloir ?  C’est autoriser la remise en question de la voirie municipale et prendre par-dessus le marché le chemin du Tribunal Administratif qui pourra ainsi se délasser du fastidieux examen du P.O.S.  Doivent-ils constater – et ils n’ont ni le droit ni le pouvoir de faire autrement – la prescription en inviter le maire à agir en conséquence ?  C’est lui infliger un camouflet et lui renvoyer la patate. A chacun de faire son choix et de montrer qu’il a cette grandeur d’âme dont le conseil déplorait l’absence chez les deux malheureux héros de cette lamentable pantalonnade.

Sommaire

 

         A.I.E.R.  MANOSQUE LA PUDIQUE

         Le 17 janvier 1516 fut pour Manosque grand jour parmi ses grands jours : le Roi de France, de retour d’Italie, y faisait son entrée, flanqué de sa maman. L’impératrice Louise de Savoie, de sa douce épouse la Reine Claude, fille de son prédécesseur et marraine de la prude, de son accorte sœur Marguerite, la Marguerite des Marguerites. Rien ne pouvait être trop beau pour accueillir un roi de 21 ans et d’une taille de deux mètres surmontée de l’auréole de sa victoire sur les meilleurs soldats de l’époque, les Suisses, en une bataille dont tous les Français connaissent la date, la bataille des géants, celle de Marignan.

         Dans ces occasions-là, pas question de mettre les petits plats ailleurs que dans les grands. Monsieur le premier Consul, Antoine de Voland, s’évertua pour que ce jour soit un jour inoubliable, et il y réussit bien au-delà de ses vœux. Décemment, le Roi ne pouvait loger ailleurs que chez lui. Mais avant qu’il y soit accueilli, il convenait que le Conseil de ville, dûment précédé de son premier magistrat et suivi de la population, allât aux devants du beau monarque lui présenter les clefs de Manosque joliment posée sur un coussin. Mais qui porterait le flatteur coussinet ?

         Antoine de Volant avait une fille. Elle était réputée pour sa sagesse. Elle était célèbre pour sa beauté, ce qui rendait cette sagesse encore plus méritoire. Elle était en outre la fille de son père, le premier consul. Tout cela en faisait la super-rosière de Manosque et la désignait pour remplir l’auguste fonction. Flatté dans sa paternité et sa suprématie municipale – qui ne le serait en un tel cas ? – le père déchargea sa fille de la corvée d’astiquage et le consul la chargea des rutilantes clefs. La procession municipale s’ébranla derrière elle.

         L’abbé Féraud, curé des Siéyès et chroniqueur de notre département relate le rencontre : ‘’A la vue de cette belle messagère, François 1er ne sut comprimer son émotion ; il la manifesta du moins assez pour alarmer la pudeur de la jeune fille’’. Rabelais, qui connaissait fort bien son François 1er et tout curé de Meudon qu’il était, usait de moins chastes formules dans ses descriptions de son roi sous les traits de Gargantua.

         Devant un effet aussi explicite de sa beauté sur le roi entouré de sa mère, de sa femme et de sa sœur, effet qui ne pouvait échapper à des yeux respectueusement baissés, le sang de rosière de Melle de Voland ne fit qu’un tour : elle courut se réfugier dans sa chambre pour y méditer sur la protection de sa vertu. Hélas !  Le toit paternel ne devait-il pas, durant plusieurs jours, être la maison d’un monarque si évidemment lubrique ?  A grande vertu, grand sacrifice. Déplorant, comme le fit plus tard la Belle Hélène sur la musique d’Offenbach, cette beauté, fatal présent des Cieux, elle choisit, elle, de se défigurer pour esquiver la royale émotion.

         Exposant son visage à des vapeurs de soufre répandu sur des charbons ardents, elle transforme son teint de jeune fille en remède contre l’amour. Si on s’en remet au récit de l’abbé Féraud : ‘’elle change en une teinte pâle et livide, en une peau ridée et contractée, la peau de ce visage qui lui avait valu trop d’admiration’’. Tout le monde s’extasia, versa à l’exemple du roi les larmes de service. François 1er surnomma la ville Manosque la Pudique et dédommagea en roi la famille de Voland – l’or tenait alors lieu de décorations.

-         ’Quel grand roi, quelles façons de Prince !’’  S’extasièrent la cour et la ville.

-         ’Mon fils, vous devriez surveiller votre tenue !’’  Morigéna peut-être la duchesse d’Angoulême.

-         ’Quel mari, quelles façons de goujat !’’  Dut grincer in petto la reine Claude, non encore    résignée aux mœurs cavalières du tout neuf Roi Chevalier.

-         ’L’or réal ? Parce que je le vaux bien !’’  Sans doute la belle et courageuse enfant à la peau prématurément mature.

…Et cette réflexion s’incrusta si bien dans le patrimoine culturel collectif que de nos jours encore on la trouve, d’après ce que la télévision véhicule culturellement, dans la bouche de séduisantes dames à la maturité rafraîchie.

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