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Editorial

Voici quelques décennies, une commune avait un maire. Ce n'était peut-être pas le maire, mais c'était tout de même un maire ni plus ni moins qu'un autre.
   Son prédécesseur n'ayant pas achevé son mandat, il en avait acrobatiquement chaussé les pantoufles et affirmé vouloir suivre le même chemin. Mais soit que les pantoufles fussent trop grandes pour ses pieds, soit que ses pieds n'eussent pas la pointure suffisante, soit que le chemin fût trop rude pour ses petits petons, les trébuchements de sa marche suscitèrent des critiques à tel point qu'il se crut obligé de l'entourer d'un brouillard silencieux, même au sein de son conseil municipal. Il est vrai que celui-ci n'était pas composé de ses seuls admirateurs.
   Il existait dans cette commune une gazette née des outrances et du mode d'exercice de sa fonction par ce maire. Sans elle il eût été comme coq en pâte: elle seule apportait une note discordante à son harmonie municipale à laquelle il donnait le ton, dont il battait la mesure et qu'il dirigeait d'une baguette qui faisait de lui un maëstro; hélas, elle ne faisait grâce d'aucuns de ces couacs qu'elle osait imputer au chef d'orchestre plus qu'a l'ensemble symphonique.
   A force de couacs et d'achopements, il se vit dans la nécessité de restaurer urbi et orbi une autorité quelque peu ébréchée: l'écharpe tricolore ne pouvait plus cacher sa nudité. Mais il entendit s'en draper sans même lui donner l'apparence d'un plissé démocratique.
   Etait-ce un attardé du passé, un imitateur, un novateur, un précurseur, un visionnaire de village d'avenir où il fait bon vivre ? Ce furent plaintes de sa part contre ses propres administrés - et il s'en targuait - , poursuites en diffamation contre l'impudente gazette. Les administrés survécurent, tout comme la gazette.
   C'était, sauf erreur, l'époque où un chanteur aux eraillements feutrés chantait - mais chantait juste:
 
                                           " Celui-là qui dit la vérité
                                  " Il faudra l'exécuter..



BOUFOUNADO
.

La Rochelle a ses quatre sergents, Chambéry ses quatre sans-cul, Forcalquier ses quatre reines. Céreste a ses quatre adjoints : l’adjudant,  l’utilitaire, le prébendier, le haut-le-pied.

LA VIA VALLIS CLAUSAE

Cette voie conduisait du village à Viens et dessert par le Vaucluse notre territoire antique. Elle se divise en trois tronçons : le premier, du Village au gué de l’Encrême, est stricht verboten à pied, à cheval, en voiture ; le deuxième entre le gué et la Grand’Vigne, est impraticable ; le troisième est constitué par l’ancienne voie ferrée. Seule la partie vauclusienne de celle-ci, où il n’existe aucun habitat, est entretenue. La Grand’Vigne, enclave vauclusienne en Communauté de Haute-Provence ?

C’est sans doute pour cela qu’on rêve d’y implanter une bien belle station d’épuration.

J’AIME A VOIR COMME VOUS L’INSTRUISEZ (RACINE. Athalie)

Le 28 février la Communauté de Haute-Provence s’est réunie à Céreste. Devant recourir à un notaire, son choix s’est porté sur un notaire de Forcalquier, extérieur à la C.H-P. Serait-ce une discrète leçon de bienséance administrée à domicile ?

VALLONS QUE TAPISSAIT LE GIVRE DU MATIN … (LAMARTINE. Milly ou la terre natale).

On nous rebat les oreilles de l’environnement et des sacrifices qu’il impose, notamment en matière de tri sélectif des ordures : on organise même des séances pour nous apprendre à faire le nécessaire à nos peines et frais.

Qui pourra nous expliquer pourquoi le futur tracé de la R.N.100 doit anéantir les prés de l’Encrême classés secteur de valeur biologique majeure ? On vous dira : c’est pas nous, c’est l’Etat.

Qui nous expliquera pourquoi la future station d’épuration sera située à Saint-Georges dans un secteur identique, et qui a décidé de cet emplacement ? On ne vous dira rien.

Qui nous expliquera pourquoi on nous a beurré les oreilles de ces fameuses protections alors qu’il est prévu de massacrer notre environnement ? Personne.

C’est ça, le village d’avenir ? Heureusement, le P.N.R.L. continue à veiller, n’en doutons pas…

C’EST UN BON ARGUMENT… (De BOISSEZON. Conseil municipal du 1er mars 2003).

Par cette phrase bien sentie, notre conseiller municipal dont aucune intervention ne peut laisser insensible, ponctuait la demande de changement de nom de notre Commune qui ne veut plus être confondue avec on ne sait quelle bourgade d’un département voisin.

Vingt trois jours plus tard, onze membres honorables de notre municipalité, offensés des conséquences tirées d’autres propos  publics de ce même conseiller, lançaient autant de citations en diffamation à l’encontre d’un malencontreux auditeur de ces propos. Sur sept de ces onze citations, quatre émanent de chacun des adjoints au maire de Ceyreste,  domiciliés à Ceyreste, une d’un conseiller municipal de Ceyreste où il est également domicilié et qui se trouve être… le président de l’office du tourisme « initiateur » du changement de nom de Céreste ; Mmes Mory et Roustan sont les deux autres.

 LA GARDETO est indiscutablement coupable de prendre au sérieux ce que dit M. de Boissezon.

TELEPATHIE.

Dans son numéro 16 de février, LA GARDETO, commentant une balourdise commise lors de la séance du 1er février 2003, posait deux questions : « existera-t’il un ordre moral et édilitaire, une interdiction formelle de penser et une muselière pour chacun de nos élus ? Quand le vote unanime s’exprimera-t’il à bras tendu et non à main levée ? ».

M. Gillibert et Mme Mory, nos fins juristes, s’estimant « directement visés par ces écrits du prévenu » comme s’ils étaient inamovibles, ont donc, comme d’autres intéressés à 7.500 euros pièce, hurlé à la diffamation.

Ils n’étaient même pas présents à la séance du 1er février…

A toutes fins utiles, LA GARDETO tient à indiquer la définition par le N.P.L.I. du mot balourdise : n.f ; Chose faite ou dite sans esprit et mal à propos. Espérons que ce renseignement gratuit lui fera économiser un procès semblable à celui basé sur le mot dénicheur.

A ce propos, existe-t’il un dictionnaire à la Médiathèque ?

CUEILLEZ DES AUJOURD’HUI LES ROSES DE LA VIE (RONSARD. Sonnet à Hélène).

Dans la gerbe procédurale offerte en toute indépendance à LA GARDETO par dix de nos honorables représentants, prélevons cette suave fleur :

« Dans le numéro 16 du mois de février 2003, il est imputé aux membres du conseil municipal d’exercer leur mandat sans penser, ni s’exprimer autrement que par des manifestations serviles que l’on ne rencontre guère que chez les sectateurs des généralissimes dévoyés ».

LA GARDETO n’a jamais écrit cela, tous ses lecteurs – sauf  eux - en conviendront. Où diable ont-t’ils
puisé de tels fantasmes et déniché (pardon, M. de Boissezon…) ces généralissimes en goguette vagabondant dans
leur prose ?Le vote à main levée est-il une manifestation servile ? Ils sont onze à le savoir mieux que nous...
Mais pourquoi la loi prévoirait-elle le vote à bulletins secrets si le vote à main levée est nécessairement exempt de servilité ? 



CERESTE EN COMMUNAUTE
.

Le 28 février, notre salle des fêtes à rouvert ses portes pour accueillir la Communauté de Haute-Provence. En bonne fille bien élevée celle-ci n’a pas manqué de remercier notre commune de son hospîtalité. Ce ne furent pas trois, mais six Rois Mages qui déversèrent leurs offrandes aux pieds du Messie de notre village d’avenir.

On peut regretter que les procès-verbaux de la C.H-P. ne contiennent guère que les décisions sans en développer les motifs ; mais on se réjouit de pouvoir y accèder sans contrainte. Les services de la C.H-P., tout comme ceux des six autres communes la composant, sont-ils mieux organisés que les nôtres puisqu’ils permettent aux citoyens d’exercer librement leur droit de consultation des registres ou des panneaux d’affichage sans que leurs responsables viennent alléguer les possibilités de ces services ? Nos services municipaux n’existent-ils pas pour permettre à la loi de s’appliquer ? Nous avons peine à croire que six des sept maires de la Communauté veuillent saboter notre démocratie locale en procédant ainsi à « la publicité que la loi attache aux débats municipaux ». Puisque LA GARDETO est poursuivie en correctionnelle pour ses critiques sur ce point précis de notre droit constitutionnel, eux relèvent au moins des galères pour l’exemple qu’ils donnent.  

Voici les dispositions concernant directement Céreste prises par la Communauté :

R.N. 100  

            Deux mesures ont été prises touchant aux travaux incombant initialement à la commune,
donc à la C. H-P. 

L’une consiste à créer une commission chargée de l’appel d’offres ouvert préalable aux travaux, composée de 3 membres, dont M. Baumel, et de 3 suppléants, dont M. Reynier.

L’autre alloue au P.N.R.L. un honoraire de 2,75% des 1.375.400 euros de travaux prévus.  Merci pour luiPuisse-t’il en faire bon usage. Mais la direction des travaux n’a-t’elle pas été déjà confiée à la D.D.E. ? Que vient faire le P.N.R.L. dans l’affaire ?




JARDIN PUBLIC

                Là, les honoraires du P.N.R.L. sont de 12% de 150.167,40 euros. La lecture de notre glorieux P.O.S. est-elle comprise dans le calcul ? Cela ferait tant plaisir à M. Baumel qui ne peut tolèrer qu’on  dise son enfant bafoué…

                Une nouvelle demande de financement de 20% de 34.400 euros (la « tranche éventuelle ») est formée auprès de la D.G.E..  Rappelons que la D.G.E. (Dotation Générale d’Equipement) détient une enveloppe de réserve non affectée et conservée en cas de calamités hivernales.  C’est sur cette cagnotte que louche la demande de subvention ci-dessus et la C.H-P. espère une bénéfique dérogation en faveur de ce jardin apparemment inclus par elle dans nos calamités. Cette décision du 28 février reprend donc celle du 22 novembre dernier rapportée dans le n° 15 de LA GARDETO (refus de subvention de la part de la Dotation de Développement Rural).

Céreste, terre de miracles : après le legs Imbert, destiné à doter les époux ou enfants de la Commune et à alimenter la Ville d’Apt de ses agréables poussières, mais transformé en médiathèque comme citrouille en carosse, la façade romane est en voie de mutation ; voici maintenant notre futur  jardin d’Eden érigé en calamité hivernale… Si nos trois représentants au sein de la C.H-P (MM Baumel, Reynier et Mme Ménard) rangent eux-mêmes l’opération de l’ancien cimetière parmi les calamités, comment M. Baumel peut-il s’estimer diffamé parce que LA GARDETO s’est insurgée contre la manière dont les travaux se sont déroulés dans cet Espace Boisé Classé ? Les photos publiées dans le n° 10 de juillet 2002 ne permettent pourtant pas de la qualifier d’honorable pour les morts et les vivants!




TRAVAUX DE MISE EN SECURITE DANS LE VILLAGE.

                On ne sait en quoi ils consistent, la décision étant muette sur ce point. Ils sont évalués à 30.000 euros, pris en charge à 80% par le Conseil Régional et l’Europe, 6.000 euros restant à la charge de la C.H-P.

TRANSFERT DE FACTURES.

            La C.H-P. prend à sa charge deux factures de la Sté Colas sur la Commune de Céreste de 17.292,16 et 7.287,78 euros. Les travaux facturés sont-ils antérieurs ou postérieurs à l’entrée de Céreste dans la C.H-P. ?

TELEVISION LOCALE.

            La C.H-P. prend à sa charge l’emploi-jeune  créé par la Commune de Céreste, adhère à l’Union des Télévisions Locales de pays et en acquittera la cotisation annuelle (457,35 euros) à compter de 2002.

ORDURES MENAGERES.

            Montjustin et Villemus, sis dans l’aire du Syvalom (Syndicat de valorisation des Ordures ménagères), y adhèrent désormais au mois. Céreste blottit son splendide isolement dans le giron du Sirtom d’Apt.

            Le produit de la taxe d’ordures ménagères au sein de C.H-P.a été fixé pour 2003 à 270.000 euros.

                Celle du camping du Bois de Sibourg a été, elle, arrêtée à 146,34 euros. Le « diffamateur » municipal est fier d’en payer exactement autant à lui tout seul.

IMPOTS COMMUNAUTAIRES.

                Bonne nouvelle : leur taux demeurera inchangé cette année. Mais il est douteux, en l’état des transferts de charges que la C.H-P. assume, qu’il puisse en être de même les années suivantes.

DECHETS MENAGERS A CERESTE.

Ils vont entraîner un appel d’offres ouvert. Une commission ad hoc est donc créée dont deux des trois membres titulaires sont M. Reynier et Mme Ménard.






NOUVELLES JUDICIAIRES.

Par jugement du 24 avril 2003, le Tribunal de Grande Instance de Digne a renvoyé à son audience du jeudi 10 juillet à 9 heures l’examen des citations en diffamation lancées par onze de nos élus locaux.


         Le Tribunal a également fixé à 1.500 euros le montant de la consignation que chacun de ces élus devra verser au Greffe avant le 24 mai s’il veut poursuivre sur sa demande.

« MANIERE FASCISTE DE REMPLIR SON MANDAT » …

…« SECTATEURS DES GENERALISSIMES DEVOYES » ?

QUES ACO

DONNEZ-MOI DEUX LIGNES DE LA MAIN D’UN HOMME, ET JE LE FERAI PENDRE…

La première réaction à la lecture des onze citations délivrées par M. Baumel et consorts (au sens procédural de ce terme : co-intéressés dans une affaire) fut de se frotter les yeux. Non pas à cause de la dénaturation des écritures de LA GARDETO : n’est-ce pas le même Président du Parlement de Paris qui proféra qu’ «il n’est si bon mariage qu’une corde ne rompe » qui déclarait : « Donnez-moi deux lignes de la main d’un homme et je le ferai pendre » ? Mais parce que l’exégèse (interprètation de texte) toute personnelle de ces écritures basée sur la juxtaposition de phrases éparses émane précisément d’eux. M. Baumel n’est-il pas celui qui, tant maire que 6ème vice-président de la Communauté de Haute-Provence, a toujours claironné (annoncé à grand fracas) les bienfaits de la culture qu’il rend accessible aux plus défavorisés grâce à une médiathèque dédiée – au corps défendant de M. Imbert, osons-nous dire – à un instituteur ?

ANGUILLE DE MELUN QUI CRIE AVANT QU’ON NE L’ECORCHE…

Or n’est-ce pas sous sa plume qu’il nous est donné de lire : « Enfin le prévenu impute nécessairement au maire une manière fasciste de remplir son mandat lorsqu’il pose la question de savoir « quand le vote unanime s’exprimera-t’il à bras tendu et non à main levée ? » La forme interrogative ne saurait enlever à l’imputation son caractère diffamatoire.»  Libre à lui de gloser (faire des commentaires critiques ; censurer, critiquer) sur la forme interrogative de la phrase ; mais sa perspicacité grammaticale aurait pu déceler que le verbe s’exprimer était au futur de l’indicatif .  Personne ne nous a avertis que l’avenir lui appartenait, que c’est devant lui que se tendront nécessairement (par un besoin absolu ; par une conséquence rigoureuse) les futurs bras hypothétiques. Serait-il immortel ? Rappelons que cette phrase, tronquée (mutilée, diminuée d’une partie considérable) de son contexte, était immédiatement suivie de cette observation : « Jamais notre maire n’a osé aller jusque-là ». Ce n’est pas LA GARDETO qui lui fait franchir le pas et prendre le futur pour le présent.

QUEL SPECTACLE D’HORREUR ! (RACINE. Athalie).

Nous espérons ne pas diffamer notre champion (celui qui combattait en champ clos pour sa cause ou pour la cause d’autrui) local de la culture pour tous en rappelant que le premier acte de notre démocratie fut, le 28 juin 1789, le Serment du jeu de paume ; cet acte fut représenté par Louis David en 1792 (an 1er de la République) sur une toile représentant nos premiers démocrates bras levés devant le futur 1er maire de Paris juché sur un billard.  Notre République aurait-elle été fondée par des fascistes ?  Faut-il brûler le musée du Louvre  et poursuivre en diffamation tout reproducteur (dont LA GARDETO) d’une telle manifestation ?  Faut-il débaptiser notre rue du Bicentenaire de 1789 ? Comment pourra-t’on  démocratiquement voter à  main levée ou prêter serment sans lever le bras devant quelqu’un  ? Ou simplement arrêter un taxi ?

L’UNION FAIT LA FORCE (Devise de la Belgique)

Les premiers textes officiels que notre 1ère République diffusa, sous forme d’affiches notamment, étaient ornés soit du bonnet phrygien, symbole des affranchis, soit du… faisceau, emblème des consuls de la république romaine que reprit, bien des siècles après celle-ci mais 130 ans après nous, le fondateur du fascisme épris lui aussi de culture (fascio = faisceau, réunion de certaines choses liées ensemble). Quelle est la signification de cet emblème ? C’est en image ce que la devise belge est en mots : celle d’un peuple uni autour du chef (celui qui est à la tête, qui a l’autorité, la direction) qui le représente, comme un conseil municipal composé de ses seuls co-listiers peut l’être autour de son maire. Est-ce du fascisme avec ce que ce mot représente actuellement ? Seul notre maire glossateur (auteur d’une glose) et ses co-listiers peuvent nous le dire – autrement que sur papier d’huissier.  LA GARDETO n’a rien contre l’union acceptée. C’est le caporalisme qui la rebute.  

A CAPPELLA (sans accompagnement)

Une partie de ces co-listiers-là brâmant à l’unisson affectent séparément de se croire personnellement diffamés, et ne voulent pas qu’on puisse leur imputer des « manifestations serviles que l’on ne rencontre guère que chez les sectateurs  des généralissimes dévoyés.». Un sectateur est le partisan déclaré d’un système, d’une opinion, d’une secte. LA GARDETO a toujours regretté l’absence d’une politique municipale connue. Elle n’a jamais vu en notre maire un généralissime ni même songé à décorer sa manche des étoiles fugitives de la Baou. Si, après coup, les faits qu’elle expose peuvent être interprêtés de la sorte, jusqu’à maintenant eux seuls, à sa connaissance, y ont songé. Mais alors pourquoi dirigent-ils leurs foudres procédurales contre celui qui les déplore, auquel ils devraient logiquement se joindre, et non contre qui les fait naître ?

GENERALISSIMES DEVOYES.

Ce qui est tout aussi affligeant, c’est la méconnaissance entière de cette culture que chevauche leur leader (espérons que cet américano-anglicisme, n’étant pas français, ne sera pas considéré comme diffamatoire). Sauf erreur, il y eut, en tout et pour tout, trois généralissimes français.

Le tout premier, Ferdinand Foch, fut maréchal de France, d’Angleterre et de Pologne. Il n’a pas laissé le souvenir d’un dévoyé (sorti du droit chemin) si l’on en juge d’après le nombre de rues qui portent son nom.

Le second fut Maurice Gamelin : c’est celui qui, dans une période fâcheuse de notre histoire civile et militaire, donnait ses instructions à un général de groupe d’armées en prenant soin de préciser qu’il la donnait « sans vouloir intervenir dans la conduite de la bataille en cours ». Comme il ne fut jamais sur les rails, il ne fut pas dévoyé. Il n’en fut pas moins condamné le 15 octobre 1941 par le Conseil de justice politique puis, cinq mois plus tard, expédié devant la Cour de Riom. Une telle feuille de route est volontiers assimilée à un brevet de républicanisme. 

Le dernier fut Maxime Weygand : il refusa de commettre le crime de capitulation, comme l’en pressait son chef de gouvernement (celui-là même qui stigmatisa la trahison du Roi des Belges), et renvoya celui-ci à ses responsabilités politiques. Il a même par la suite, avant d’être kidnappé sur la route par des SS le 12 novembre 1942, reconstitué l’Armée d’Afrique et d’Orient, cette armée Weygand  qui nous retira du pied une épine américaine et nous permit d’échapper, plus heureux que l’Irak, à l’AMGOT.

Les morts ne sont pas toujours bien vus à Céreste…

 

UN QUARTERON DE GENERAUX… (DE GAULLE)

Ces généralissimes, que jusqu’ici personne n’avait songé à qualifier de dévoyés, n’ont jamais accédé au pouvoir suprême. Seuls quatre militaires y parvinrent, le général Boulanger ayant préféré prendre le train de Bruxelles

Le tout premier, un certain général Bonaparte, remporta un petit  succès dont on parle encore ; le maréchal de MacMahon, lui, se démit après s’être soumis ; le maréchal Pétain couvrit de son nom, de son prestige, de son orgueil, de ses illusions de pouvoir et de sa sénilité les crimes d’une époque infernale ( la potiche, disait Laval) ; le général de Gaulle fut condamné à mort comme factieux. Bien qu’il n’ait jamais été généralissime, est-ce à ce dernier que font allusion les détracteurs de LA GARDETO ?

PARLONS FRANÇAIS… (Fernand RAYNAUD)

Il est possible qu’ailleurs aient existé ou existent des généralissimes. Mais Céreste est en France. Et  ils ne le furent que parce qu’ils ont accédé à ce pouvoir suprême qui leur a permis, de généraux factieux, de se bombarder généralissimes. Ils ne sont pas plus dévoyés qu’un train sur ses rails stoppant dans sa gare terminus,. . 

Faut-il rappeler que Benito Mussolini, créateur du fascisme (au sens moderne du terme) n’était pas un militaire, mais un journaliste ? Que son sinistre imitateur, puis son maître, était un peintre dédaigneusement qualifié par le maréchal Hindenburg (qui était  militaire et orfèvre en la matière) de caporal bohémien ?  Les manifestations de leurs sectateurs n’étaient donc pas serviles (qui appartient à l’état d’esclave, de serf , de domestique ; bas, vil ; qui suit trop étroitement l’original, le modèle…) ni infamantes, contrairement à celles des sectateurs de généralissimes ? Il n’existerait donc guère de servilité que devant des étoiles ? C’est ce qui semble résulter de la prose judiciaire des co-listiers de notre grammairien (qui sait, enseigne la grammaire ou qui a écrit sur la grammaire). Affaire d’analyse grammaticale…

Avant de drainer des foules immenses, les deux compères n’ont pu exister que grâce à quelques sectateurs (partisans déclarés) sans lesquels ils n’auraient jamais dépassé le stade embryonnaire. Fallait-il refuser le dévoiement dans ses prémices ou après son achèvement ? Et n’est-ce pas l’inertie qui l’a encouragé  et lui a offert son expansion ?  

L’HOMME N’EST-IL DONC NE QUE POUR UN COIN DE TERRE,

POUR Y BATIR SON NID ET POUR Y VIVRE UN JOUR ?

( MUSSET. On ne badine pas avec l’amour).



               
Chaque terroir a son poète, plus ou moins connu, plus ou moins adroit, mais qui est un morceau de sa culture au point qu’on le récitait dans les écoles. C’est ainsi,  par exemple, que bien des écoliers du Forez, aujourd’hui au moins sexagénaires, ont appris des sonnets de Louis Mercier, lamartiniens à la Sully-Prudhomme mais de bonne facture. Céreste a le sien qui, ne serait-ce que par l’amour qu’il lui portait, mérite mieux que le seul souvenir d’une plaque sur un mur.

                LA GARDETO publie une poésie de Daniel VIGOUROUX consacrée à la source sulfureuse. Certes les puristes ne crieront pas à un Horace, un Virgile, un du Bellay ou un Hugo méconnu. Mais cette œuvre a le mérite de survivre à cette source de la propriété de la Bastide du Bois.  Son site demeure, ainsi que quelques affleurements d'eau sulfureuse. Et le calme, la beauté, la verdoyance de ses alentours tapissés de violettes méritent toujours l’enthousiasme qui animait D. Vigouroux. La rusticité de l’œuvre ne les défigure pas. Alors que, tout comme celle de la Vieille Fontaine et du Nid d’Amour, la plaque indiquant cette source a disparu, ses  quelques vers la font toujours chanter dans notre mémoire puisque son vœu final n’est pas exaucé.

LA SOURCE SULFUREUSE DE CERESTE

(15 septembre 1921)

                 Pensée

   Comme le rossignol je chante dans les bois

   Et je suis plus heureux que tous les petits rois.

      Céreste, le 21 juillet 1924 (D. Vigouroux)


Ravin délicieux, eaux sulfureuses saines,

Vous calmez les souffrances ayant recours à vous ;

On vous boit sans dégoût comme l’eau des fontaines

Et pour vous déguster on se met à genoux.

Le calme règne ici, la pensée y repose,

Le ruisseau coule clair à côté, très limpide,

Et l’on peut y bercer la muse ou bien la prose

Sans qu’un bruit indiscret trouble aucun cœur candide.

Un décor pittoresque égaie les yeux ravis.

C’est un lieu verdoyant plein de grâce rustique.

On entend quelques fois de charmants gazouillis,

Langage des oiseaux gracieux et mystiques.

A l’aube, le matin, quand le soleil se lève

Avec cette fraîcheur que l’on aime à sentir,

On va trouver ce coin bien créé pour le rêve

Car l’on y resterait sans vouloir en sortir.

Prodigieux séjour aux parfums balsamiques

On sent que la Nature est faite pour l’aimer.

Nous donnerions cent fois toutes les Amériques

Pour ce modeste Eden que j’aime à dénommer.

Des petits papillons voltigent à nos côtés,

Des insectes ailés vous frôlent de leurs ailes ;

Des moucherons s’agitent et pleins de volupté

Se posent sur les fleurs ou sur les tiges frêles.

Dieu donne ainsi vraiment la vie à toute chose.

Tout s’accomplit selon les lois qu’il a dictées,

Rien ne peut les briser, car il nous les impose

Et nous les subissons dans leur simplicité.

Règne sur l’Univers, ô volonté suprême !

Et que ce Luberon au pied duquel on vient

Fasse jaillir encore avec un soin extrême

La source où l’on s’abreuve et qui nous fait du bien.


,

Terminé le 22 juillet 1924   à la source même.

Daniel Vigouroux, Officier d’Académie.


LA GARDETO remercie bien sincèrement le fidèle lecteur (et critique attentif) qui lui a si aimablement communiqué le manuscrit de cette poésie de Daniel VIGOUROUX. Le chantre de notre terroir aurait-il de nos jours la lyre aussi bucolique pour dépeindre les lieux qui l’inspirèrent voici quatre-vingt ans ?

N.D.L.R.  LA GARDETO a cru de son devoir de reproduire intégralement cette poésie et particulièrement les dates indiquées par D. Vigouroux lui-même. Quand bien même le poète aurait vu plus loin que l’horizon, comme dit la chanson, il est douteux qu’il ait voulu viser quelqu’un dans les deux derniers quatrains de son œuvre. C’est donc à tort que qui que ce soit pourrait se sentir visé sans erreur possible, toute ressemblance ne pouvant être qu’un effet de hasard. LA GARDETO décline toute responsabilité à ce sujet.

***

*










AIER.  L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE.

     

Dans la liturgie catholique, les lundi, mardi, mercredi de la 5ème semaine après Pâques étaient jours des Rogations : Processionnellement, lors des Saints de glace, on parcourait les campagnes pour demander à Dieu et aux Saints de bénir les champs et les récoltes espérées. De petites croix de branchettes étaient plantées en bordure des terres bénies par le curé de la paroisse ou, plus durablement dans notre région, de ces oratoires dont deux seulement semblent avoir survécu chez nous. L’agriculture moderne n’avait pas tué la paysannerie et le paysan savait bien que, quels que soient ses efforts et ses peines, il était toujours le bien venu.

     Mais du ciel ne tombent pas que des bienfaits sur la terre. En 1511 nos voisins présentement communautaires de Saint-Michel virent s’abattre sur leur terroir une nuée d’insectes. Déjà observateurs avec quatre siècles et demi d’avance sur le nom de leur village un jour lassé d’être tout bêtement de Provence, ils relevèrent les signes précurseurs de la ruine des récoltes de blé, d’huile, de vin et de fruits leur fournissant renom et prospérité. Mais hélas, rien n’y fit ; ils eurent beau hurler et gesticuler dans leurs champs, épucer leurs arbres, traquer la sauterelle, gauler le hanneton, ce fut peine perdue. Par chance, le doryphore n’avait pas encore franchi l’Atlantique en vagues serrées.

     De guerre lasse, conscients de l’injustice du sort, ils conduisirent une réflexion ; cette mûre réflexion aboutit à une grave décision : celle de s’adresser à justice. Ne sourions pas : ce sont peut-être, dans notre région, les inventeurs de la conduite de la réflexion municipale. Ils entendirent agir selon les formes procédurales les plus sûres et assignèrent les indésirables insectes devant le tribunal de l’Evêque de Sisteron, l’Officialité. Pour ce faire, et comme il se devait, un procureur ad litem fut désigné pour représenter et défendre collectivement les myriades de bestioles.

     Ils furent bien inspirés : les archives du greffe de l’Officialité font état du bon accueil de leur demande et de la condamnation pleine et entière des trublions. Par contre on ignore comment ce jugement satisfactoire put être exécuté et si les dépens ont été récupérés. La vermine déguerpit-elle ? Fallut-il recourir à une exécution forcée avec appui de la force publique ? Apparemment, elle disparut. Mais la recette ne fut pas perdue.

     En 1620, une invasion semblable assombrit le ciel, les beaux jours et le front des habitants des Mées : leurs vignes furent ravagées par des insectes, peut-être des descendants des escoumenja de Saint-Michel du siècle passé. Même cause, même effet ; même motif, même punition. Les gens des Mées s’inspirèrent de la jurisprudence de Saint-Michel ; mais soit par économie, soit à cause de l’urgence, ils décidèrent, le 4 mai, d’effectuer à Riez une démarche directe pour obtenir de Mgr l’Evêque excommunication contre les chenilles et babarotes qui gâtent entièrement les vignes et les arbres.

     La recette était excellente : tous les exploitants des bois communaux environnant les lieux infectés exigèrent une diminution du prix de leur ferme car, affirmaient-ils, pour fuir l’anathème et l’excommunication les insectes désertant ces lieux s’étaient réfugiés dans les bois.

     Malheureusement Louis XIV, par un arrêt du Conseil de 1666, abolit ces efficaces procédures de désinsectisation. Si par la suite ses dragons sillonnèrent les campagnes, ce ne fut pas pour chasser la babarote. Et c’est ainsi que champs et paysans tirèrent la langue jusqu’à l’invention et la généralisation des insecticides chimiques qui tuèrent encore plus sûrement les cultures de pyrèthre que les chenilles, les abeilles et les poissons…

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