N° 16 – FEVRIER 2003

Directeur de la publication : Jean François KLETZLEN

Carteret

04280 CERESTE

AINSI  PARLAIT  ZARATHOUSTRA :

"NOUS  POUVONS  FAIRE  DE  CERESTE  UN  VILLAGE  D’AVENIR  OU  IL  FAIT (sic)  BON  VIVRE"



La preuve:

Sommaire:

Ici et là:

Au conseil municipal:


La rue Curie:


Le jardin des revenants:


On nous écrit:


Hier:


 

 

EICA,  EILA.

LE  SENATEUR  BERENGER.

Cet illustre sénateur du XIX°  siècle a laissé son nom à deux lois : Celle instituant la sursis des condamnations pénales et la récidive, celle pourchassant la nudité dans nos colonies. Il nous a aussi, semble-t’il, légué quelques rejetons spirituels dont notre ministre de l’intérieur. Ce chaste apôtre de la pudeur publique vient de faire voter par l’Assemblée une nouvelle mouture de la répression du racolage ; Ce n’est pas une mince victoire d’ordre moral à une époque où les préservatifs sont automatiquement distribués dans les lycées.

J’ENTENDRAI  DES  REGARDS  QUE  VOUS  CROIREZ  MUETS  (RACINE. Britannicus).

Louis IX, alias Saint-Louis, tenta lui aussi de juguler le racolage sur la voie publique, d’où les bordels (les bords de l’eau où les filles folieuses devraient désormais exercer leur activité) et leur prospérité multi-séculaire que la loi à venir relancera à coup sûr par un essor des clandés. Le policier pourra, comme le Néron de Racine, interpréter les œillades. A quand le certificat de non-prostitution ou, pour la prostituée de nouveau soumise, le choix entre la carte et le badge ou la déportation en Louisiane via la rafle et Saint-Lazare ?

UN  GRENADIER  FRANÇAIS  MONTE  LA  GARDE  (E.ROSTAND. L’aiglon)

Ce même ministre provoque également une loi réprimant les attroupements dans les  entrées communes. A quand l’apartheid immobilier et le C.R.S. au pied de l’ascenseur ou de la cage d’escaliers, comme pendant la Guerre il y eut à la porte des magasins l’agent surveillant l’agglutinement grondeur des clients ?  Sans doute il en sera de ces lois comme il en fut de l’édit de Saint-Louis interdisant aux maris de tromper leurs femmes et aux épouses de tromper leurs maris. Mais elles dénotent une fâcheuse glissade vers un Etat policier intolérant.

MIROIR,  MON  BEAU  MIROIR…  (GRIMM. Blanche-Neige).

T.L.P., miroir des sept communes communautaires que nous savons, cherche sa Blanche-Neige pour présenter ses programmes. Le casting est ouvert. Dans le cadre de l’action culturelle, il serait également envisagé de tourner une version locale de Clochemerle. Vu le succès des crèches animées, pas de casting, de la caméra-vérité : les rôles de cette super-production seraient tenus par les habitants. Les repères auraient déjà eu lieu du côté du Pont Romain, de l’Eglise et même en plein Village. Le tournage commencerait lors du proche déménagement  des pissotières. Le moment fort du film sera leur inauguration.

LA  NATURE  T’ATTEND  DANS  UN  SILENCE  AUSTERE   (VIGNY. La Maison du berger).

Le permis de démolir les W.C. de la poste est affiché en mairie ; les W.C. futurs sont encore dans les limbes. En attendant, Cinna…

LA  LUNE  ETAIT  SEREINE  ET  JOUAIT  SUR  LES  FLOTS  (V.Hugo. Les Orientales).

M. le Maire a conclu son show télévisé du 22 janvier en souhaitant que la postérité  garde de lui le souvenir d’un maire qui aura tenu ses promesses.  Voilà qui mérite d’être gravé sur marbre et apposé sur les murs de la Baou. Mais d’un maire on attend quelque chose de plus : ne pas promettre n’importe quoi, ne pas le tenir n’importe comment. Un village survit toujours à son maire. Voyez la station dite d’épuration : elle fut l’objet d’une promesse. La promesse a été tenue : l’Encrême est pourrie, la plus belle perspective du village est salopée, le Nid d’Amour a disparu dans la puanteur.

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Parmi les promesses, celle d’informer le contribuable : désormais, il existe deux catégories de réunions du Conseil Municipal. La réunion officielle, publique, où on vote sans débattre des questions : elles ont été traitées en catimini la veille en réunion secrète ; Inutile par conséquent d’y revenir. Ca, c’est de la promesse tenue, ça, c’est de la démocratie. Pourquoi ne pas remplacer la réunion pour la frime par l’exposition, sous le portrait en pied de notre maire, d’un poster représentant les conseillers municipaux levant la main comme des enfants sages ?  Ce serait plus franc, tout aussi instructif et éviterait de donner à croire aux citoyens qu’on les prend pour des imbéciles.

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AU  CONSEIL  MUNICIPAL  DU  01/02/2003.

LE  MUR  DES  FEDERES.

Le conseil municipal apparent se serait séparé sans avoir abordé la seule question hors routine si Mme la 1ère Adjointe n’avait tenu à ce que l’on parlât de ce qui agita tant, la veille au soir, le conseil Catimini : le fameux mur de la rue Curie. Comme une mère poule défendant sa couvée, elle s’éleva, sans la citer,  contre une publication ayant cherché à rendre municipale ce qui n’est, selon elle, qu’une affaire privée. M. le Maire, superbe en Ponce Pilate, expliqua qu’il ne s’agissait dans tout cela que d’un conflit entre voisins entêtés l’un contre l’autre, d’une manœuvre de l’un désireux de couvrir l’irrégularité de ses travaux au regard de son permis de construire, d’un possible abus de droit de l’autre dont les travaux ne semblent pas non plus exempts de reproches, qu’il avait demandé l’intervention de l’Architecte des bâtiments de France, de la D.D.E. et de leurs foudres. M. le Conseiller dénicheur de mérite décela chez ces particuliers une absence de grandeur d’âme, conforta notre adjointe dans ses critiques envers la publication innommée et réclama une unanimité de position et d’expression des membres du conseil.

LIS  ASE  SOUN  LIBRE,  LIS OME  SOUN  BRIDA.  (Joseph BERNARD dit CLEMENCEAU)

Etrange vœu.Existera-t-il un ordre moral édilitaire, une interdiction formelle de penser et une muselière pour chacun de nos élus ?  Quand le vote unanime s’exprimera-t-il à bras tendu et non à main levée ?  Notre maire n’a jamais osé aller jusque-là. Et si on profitait de ce mur devant lequel piètent le maire et son conseil pour y coller ce publiciste inconnu ?

SEIGNEUR,  PROTEGEZ-MOI  DE  MES  AMIS…  (Guillaume le Taciturne).

Cette intervention n’est décidément pas heureuse : comment notre peseur-juré d’âmes n’a-t’il pas constaté que notre maire, refusant de voir que ce fameux mur était construit sur une extension de fait de la voie publique plus que trentenaire, se défaussait sur une administration d’un problème qu’il était le seul à pouvoir conjurer ?  Car la police de la voie publique appartient au seul maire. La politique de l’autruche et se défiler relèvent-ils de la grandeur d’âme ?

JE VOIS  QUE  L’INJUSTICE  EN  SECRET  VOUS  IRRITE   (RACINE.  Athalie).

Puisque notre amateur de mérites considère comme parfait qu’un maire dénonce les infractions aux règles d’urbanisme commises par ses administrés, qu’attend-il pour stigmatiser l’opération du vieux cimetière, violation flagrante de ces mêmes règles par lui votées ?  L’unité d’expression qu’il réclame de ses collègues fausse-t’elle sa toise des âmes ?   Loin de nous de croire qu’il existe à Céreste, en matière d’urbanisme, deux poids et deux mesures. Il n’existe qu’un seul poids, celui dont la municipalité s’exonère et qu’elle fait peser sur ses administrés. Quitte à passer pour une âme noire, nous espérions mieux.

DURA  LEX,  SED  LEX.  La Loi est dure, mais c’est la Loi.

L’aspect municipal du problème de la rue Curie résulte de la simple application d’un principe élémentaire du droit : la prescription. Le but de celle-ci est d’interdire la remise en cause d’une situation de fait consacrée par le temps. Dans le cas concret de cette rue, la voirie communale a empiété sans fraude mais par erreur sur une propriété privée. Cet empiètement a été public et paisible. Il a perduré sans discontinuation pendant plus de trente ans, la durée la plus longue de la prescription, et sans que le propriétaire y trouve à redire. Au bout de ce temps celui-ci a perdu le droit de revendiquer la partie de sa propriété dont la Commune a la possession. Cette partie-là est devenue, par l’écoulement du temps, partie de la voirie publique dont le maire est responsable et dont il a seul la police. Et la prescription a précisément pour but d’éviter la situation ubuesque où pataugent notre maire, notre conseil et deux ou trois particuliers.

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LA  RUE  CURIE  ET  SES  PROLONGEMENTS.

Nier cette application simple et évidente de la prescription, jouer les Ponce Pilate, c’est remettre en cause des hectomètres et même des kilomètres de voies publiques à Céreste. Prenons l’exemple du chemin des Blaques : l’élargissement s’en est fait, sous la municipalité André LUC, par empiètement de fait sur les parcelles A 106, 107, 108, 255, 254, 110, 111, soit sur 200 mètres. Selon notre maire et le conseil, les riverains seraient donc parfaitement autorisés à ramener ce chemin a sa largeur cadastrale et à exiger de la commune la remise en état des propriétés. Chiche !  Et le chemin des Blaques n’est pas le seul en ce cas… Bien mieux : l’empiètement sur la parcelle A 157 fut la cause d’une indemnisation par la commune, le Tribunal de Grande Instance de Digne ayant jugé, le 5 décembre 1973, que cet empiètement constituait une expropriation indirecte. Notre maire et son conseil – quand bien même celui-ci serait truffé de juristes – ne pourraient-ils pas s’inspirer de l’appréciation du Tribunal, seul juge en la matière ?  Ont-ils mesuré les conséquences de leur dérobade ?  Ils ont plus d’assurance lorsqu’il s’agit de voter l’injustifiable.

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LA  TERRE  PROMISE :  le Jardin des Revenants
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La GARDETO reproduit ci-contre la partie du plan annexé au P.O.S. concernant les zones Uaa (bourg ancien) et Uab (bourgade). Chacun, eût-il les yeux de Rodrigue pour notre Municipalité, peut constater que l’ancien cimetière constitue un Espace Boisé signalé par des croix sur culs-de-bouteille.

Que dit le règlement du P.O.S. ?  « Article UA 13 –Espaces verts. …  Les Espaces Boisés classés figurant au plan sont soumis aux dispositions de l’article L 130-1 du Code de l’Urbanisme. Le règlement interdit tout changement d’affectation ou tout mode d’occupation du sol de nature à compromettre la conservation, la protection ou la création des boisements. Dans ces espaces les défrichements sont interdits et toute coupe ou abattage est subordonnée à une autorisation délivrée par le Préfet ».

Le Conseil d’Etat, qui passe pour s’y connaître un tantinet, nos juristes communaux vous le diront, a jugé que la construction d’une rampe d’accès ou l’aménagement de nouvelles voies dans un E.B.C. constituait un changement d’affectation du sol de nature à compromettre la protection ou la conservation des boisements.

Apparemment le Parc de Luberon s’en fout royalement, comme de la rue Curie. Ou alors, il a une vue sélective des choses, il sait ne pas voir. Son œil de lynx ne peut se poser partout à la fois, disait notre maire.

La Communauté, quant à elle, aurait tout intérêt à ne pas se précipiter dans le bourbier, à mettre le pied sur le frein et à ne pas endosser le ridicule d’une telle opération. Sage Dotation du Développement Rural qui l’a bloquée.

Notre maire, lui, nous montre le cas qu’il fait de son propre règlement : il ne pèse pas plus lourd et ne mérite pas plus de respect que les débris humains ou la propriété publique.

GRANDEUR  D’AME

Un Grec fit voter une loi interdisant de se présenter armé à l’assemblée ; par mégarde il vint un jour à la Boulè avec son épée. S’apercevant de sa distraction, il s’en trucida séance tenante. Certes, nous ne souhaitons pas voir notre maire s’harakiriser à la pointe bic devant un conseil municipal admiratif en expiation de la rue Curie, du P.O.S. et de ses viols. La mise au panier de celui-ci serait plus judicieuse : mais il ne peut ni le modifier ni rectifier la monumentale bévue (ah ! qu’en termes galants ces choses-là sont dites…) du classement de l’ancien cimetière en E.B.C. Alors, il le bafoue. L’impuissance engendre le viol. Mais, quelle que soit la fin de l’opération, la manière d’y procéder est indigne. Sauf si on peut fagoter dans cet E.B.C. et y dresser un bûcher sur lequel brûler, en un apaisant autodafé, holocauste dédié à l’orthodoxie municipale, LA GARDETO et son responsable rescapés du mur des Fédérés.

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ON  NOUS  ECRIT  DE  LA  RUE  CURIE
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Madame Anne KRIVTCHIK, rue Pierre et Marie Curie à Céreste a adressé à LA GARDETO le 3 février 2003   une lettre recommandée au titre d’un droit de réponse à l’article intitulé « Ich bin ein Berliner » paru dans le n° 15 du mois de janvier.  S’estimant visée sans erreur possible par cet article de trois lignes, elle nous demande, si l’on peut dire, de rectifier plusieurs erreurs manifestes qu’il contiendrait.

Nous pensons lui donner satisfaction, en procédant sans barguigner aux rectifications suivantes :

1°) – L’urbanisme à Céreste ne s’inspire pas des aventures des Pieds Nickelés ;

2°) – Nous n’avons pas de mur digne de notre version locale du Monoposly.

Par contre nous ne nous reconnaissons pas le droit d’interdire la circulation rue  Curie.

En outre, nous pensons pleinement satisfaire à la fois ses désirs et notre souci d’objectivité en publiant ci-après sa lettre in extenso, sauf à faire suivre celle-ci de nos observations.

         

LES OBSERVATIONS  DE  LA  GARDETO.

La lettre que LA GARDETO reproduit intégralement constitue en réalité un ‘droit de réponse’ non pas à l’article de trois lignes intitulé Ich bin ein Berliner paru dans le n° 15 de janvier 2003, mais à un ‘tract’ diffusé par un voisin. Renseignements pris, ce ‘tract’ consiste en un ‘repiquage’ de trois articles reproduits sans commentaire à l’insu de la GARDETO. Il est bien évident qu’aucune publication ne peut être tenue pour responsable de l’usage qu’un lecteur peut en faire sans son accord, pas plus que feu J.F.K. est responsable de l’usage que LA GARDETO a fait de sa célèbre phrase. Mais LA GARDETO n’aime pas se défiler, botter en touche ou se réfugier derrière un paravent ou un lampiste – même si elle n’est pas attaquée de front. Elle se fait un devoir de publier cette lettre in extenso, de remercier son auteur des arguments complémentaires qu’elle contient et de répondre à chacun des griefs allégués.

1°) – LA GARDETO n’a pas eu besoin d’informateur : la vue du mur suffit. Les anomalies en sont si évidentes qu’il a effectivement fallu les vérifier. Si ‘contre-vérités’ il y a, LA GARDETO en révèle les sources que chacun peut consulter : le Plan d’Occupation des Sols, les Registres et Arrêtés Municipaux, le Cadastre, un jugement du Tribunal de Grande Instance de Digne, de nombreux Cérestains ayant franchi le cap de la quarantaine. Si ce sont-là sources de contre-vérités ou d’erreurs manifestes, nous n’en avons pas de meilleure eau

2°) – LA GARDETO ne se mêle pas des querelles privées ; elle traite avant tout des rapports de l’Administration Communale avec les citoyens et les personnes publiques n’y sont désignées que par leurs fonctions. L’objet de la ‘diatribe’ est le déni d’autorité du maire sur la propriété et la voie publiques  et la carence du conseil municipal à ce sujet ; le mur en est la cause, non l’objet. La lecture du ‘tract’ comme celle de LA GARDETO elle-même interdisent d’en douter.

3°) – LA GARDETO ne rectifie les ‘erreurs manifestes’ que si elles existent et n’a pas le pouvoir de modifier les lois, jugements et textes officiels.

4°) – C’est bien parce que la Commune n’a pas respecté les régles de l’expropriation pour utiliser le sol que nous sommes en présence d’une expropriation indirecte et que la prescription trentenaire intervient. Quant au schéma de circulation, où diable pourrait-il s’appliquer si ce n’est sur la voie publique telle qu’elle existe ?

5°) – Le certificat d’alignement définissant la limite entre voie publique et parcelle privée constitue effectivement une preuve ; celle de l’empiètement de l’une sur l’autre ; comment peut-on empièter sur la propriété voisine sans franchir la limite séparative ?

6°) – Ce n’est que depuis l’édification du mur que la circulation publique a été interrompue sur la fraction de parcelle transformée de longue date en voie publique par les travaux de la Commune. L’existence même de ce mur en est la preuve irrécusable. Bien avant le camion de voisin actuel y circulaient la brouette de M. F.Balestra, les clients de son restaurant et des générations de Cérestains.

7°) – Tous les griefs avancés contre ce voisin relèvent de l’appréciation éventuelle des tribunaux, pas de celle de LA GARDETO qui a toujours rappelé, y compris dans les articles indirectement incriminés, que charbonnier était maître chez lui. C’est vrai pour l’un comme pour l’autre. Le fait qu’on ait demandé à LA GARDETO de publier ces griefs sous couvert d’un ‘droit de réponse’ laisse leur entière responsabilité à leur auteur et n’engage pas celle de LA GARDETO qui refuse de les prendre à son compte.

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DEJA  PONCE  PILATE…

Avant la construction sur la chaussée – l’asphalte de celle-ci subsiste – du mur de l’incompréhension, le conseil avait examiné la question ; notre Adjoint spécialiste de l’immobilier l’avait même éclairé de ses lumières. C’était le 31 octobre 2002. LA GARDETO en a rendu compte dans son n°13 d’octobre-novembre dans l’article reproduit ci-dessous. Nous espérons que personne ne se croira visé sans erreur possible par son intitulé constitué des deux premiers vers de la chanson Les trois cloches.

VILLAGE  AU  FOND  DE  LA  VALLEE,  COMME  EGARE,  PRESQU’IGNORE

Une étrange lettre fut soumise au conseil municipal : quelques occupants passagers du gîte d’étape protestent contre la sonnerie des cloches et la stérilité de leurs récriminations malgré leur ouverture à la concertation !  Ils menacent Céreste de boycott et d’en faire savoir les raisons si l’horloge persiste à sonner l’heure. Ah mais !  il serait temps que les ploucs s’ouvrent au progrès ! 

Il va de soi que cette prétention saugrenue ‘d’appuyer l’horloge’ comme au temps de Louis XIV, provoque l’hilarité du conseil municipal, ce même conseil qui veut affecter les propriétés privées aux promenades publiques estivales à grands coups d’espaces réservés et de P.O.S.

D’autres lettres ont trait aux difficultés de voierie dans le vieux village soit à cause de jardinières ou autres débordements sur la voie publique, soit à cause des empiétements de celle-ci, lors de sa réfection, sur des propriétés privées.

En principe, la solution est aisée : la voie publique ne peut faire l’objet d’une appropriation, mais seulement d’une utilisation précaire concédée discrétionnairement par la mairie ; par contre l’empiètement de la chaussée sur une propriété privée constitue une expropriation indirecte ouvrant dans les trente ans droit à indemnisation. Mais de toutes manières un tel état de fait pose le problème épineux de la circulation et du stationnement dans nos vieilles rues et ce n’est pas le droit pur et dur qui le résoudra – alors surtout que là encore la commune a abandonné ses pouvoirs à son seigneur le P.N.R.L. et que là encore le P.N.R.L. se trouve en concurrence avec la Communauté.

Finalement, tout se passe comme si les affaires de la Commune, chaudement emmitouflées dans leur sac de nœuds, étaient trop sérieuses pour qu’elle puisse s’en charger elle-même.

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AIER. IL  N’EST  SI  BON  MARIAGE  QU’UNE  CORDE  NE  ROMPE.

Dans la caste nobiliaire la puissance et la richesse s’acquéraient par la force, l’alliance ou l’héritage. Elle n’était pas volontiers partageuse. Aussi redoutait-elle la mésalliance qui permettait à un indésirable d’accéder au gâteau par le biais d’une héritière. Le mariage était un sacrement que les époux s’administraient mutuellement par leur simple consentement échangé en présente du prêtre. Les tribunaux ecclésiastiques, seuls compétents en matière de sacrements, n’annulaient un mariage qu’en cas de bigamie ou de consentement arraché par violence. Les familles se trouvaient donc désarmées par le simple oui de la belle et enjôler les belles était un sport lucratif quoique risqué.

Un président du Parlement de Paris, sans doute ému par la détresse parentale, imagina la théorie juridique du rapt de séduction : la séduction viciait le consentement tout autant que la violence dont elle devenait une forme déguisée. Obtenir un consentement de la sorte devint un cas pendable. La persévérance de la future veuve dans son oui, preuve de la force de la  séduction, n’en serrait que mieux le gosier chéri. L’excellent magistrat sut résumer sa théorie et ses conséquences en un adage limpide : il n’est si bon mariage qu’une corde ne rompe. Mais il existe au moins un cas où ce fut le mariage qui rompit la corde. C’était à Valensole, en 1588.

La guerre civile, renfort de la guerre religieuse, faisait rage en Provence. Lavalette, lieutenant de son frère le duc d’Epernon lui-même lieutenant du Roi Henri III en Provence menait la guerre au nom de celui-ci contre les ligueurs et les protestants à la fois. Il avait donc fort à faire et son caractère s’en ressentait : descendant de l’illustre Guillaume de Nogaret, auteur en 1303 de l’attentat d’Anagni et de la gifle qu’il décocha au vieux Pape Boniface VIII, il avait, malgré les siècles, gardé quelques façons de son brutal aïeul . Montjustin en sait quelque chose. Valensole eut plus de chance.

Le seigneur de Valensole était l’abbé de Cluny, l’abbé de Cluny était le Cardinal de Guise, ledit cardinal était le frère du chef de la Ligue. Autrement dit, Valensole ne brûlait pas d’un zèle royaliste, ce qui déplaisait à Lavalette. Il chargea le sieur de La Javie d’aller y faire un tour avec 200 hommes et de s’y fortifier. Sous l’impulsion de son consul Joseph Collaret, la population s’ameuta et résista. Lavalette fit semblant de s’incliner, rappela La Javie et ses anges, mais vint lui-même de Sisteron avec une armée et quatre canons mettre le siège devant Valensole . Et Collaret de s ‘évertuer et population de résister. Pour comble de malheur, Lavalette reçut une arquebusade dans la cuisse et dut se faire brancarder à Manosque. Néanmoins il survécut. Ses hommes s’enférocèrent.  Leurs remparts éventrés, les assiégés demandent à capituler et – bienfait d’un repos forcé ? – Lavalette y consent. Pour tout baume à ses blessures physiques et morales, il se contente d’installer un gouverneur et une garnison aux frais de la ville, d’en faire raser l’enceinte et d’ordonner la pendaison de Collaret. Il fut moins accommodant quelques mois plus tard à Montjustin.

Au moment de la pendaison, une femme se précipite. Fendant la foule amassée – aimer son consul n’empêche pas d’aimer le spectacle de sa pendaison – elle bouscule la haie de soldats, bondit sur le bourreau qu’elle terrasse, coupe la corde. Le métier de bourreau exigeait de solides facultés physiques : tenailler, rouer, accrocher à un gibet ne sont pas travaux d’avorton. Gageons que la femme capable des performances ci-dessus tenait plus de la solide matrone que de la sylphide éthérée aveuglée par les larmes. C’était Adrienne d’Herculès, épouse de Joseph Collaret, Madame la consulesse. Bien que privée de son spectacle, la foule s’apitoie, implore grâce. L’exécution est suspendue, on se réfère à Lavalette. Décidemment en lune de générosité, le bon duc amnistie totalement Collaret. Le mariage avait rompu la corde, tout au moins celle de chanvre. Qui, de Joseph ou d’Adrienne, la garda comme porte-bonheur ?


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